bulletin n°32 Pâques 2016 - Le site des auxiliaires du Sacerdoce
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bulletin n°32 Pâques 2016 - Le site des auxiliaires du Sacerdoce
Numéro 32 Du Levain pour Demain Bulletin des sympathisants Sommaire Editorial. Gérard Aleton. Le maître et l’élève (traduction) João da Trindade Prisons du Brésil Cécile Biraud, soeur A.S. Témoignage du détenu Ephraïm Cécile Biraud, sœur A.S. Prendre soin Catherine Roth Interview de Gustavo Gutiérrez (traduction) Publiée par ADITAL Testemunho do interno Efraim Cécile Biraud, irmã A.S. Entrevista de Gustavo Gutiérrez Publicado por ADITAL C Editorial e trente deuxième numéro du bulletin est placé sous la lumière de Pâques. Le père Jean (João) de la Trinité de Salvador ouvre le bulletin. La Trinité et l’action d’Eric auprès des SDF de la ville en leur offrant asile et réinsertion s’ils le désirent ont été évoquées dans un précédent numéro1. João témoigne sous 1 Numéro 5 de septembre 2010. 21/03/2016 forme poétique de sa rencontre avec un paysan brésilien du nordeste au cours d’une marche/pèlerinage. Rencontre faite de paroles vraies et de silences échangés. Le cheminement de João avec le paysan juché sur son âne, que le prêtre qualifie de “son maître”, évoque l’entrée du Christ à Jérusalem pour y vivre sa passion. Cécile Biraud et Catherine Roth, soeurs auxiliaires du Sacerdoce appartenant respectivement aux communautés de Salvador et de Paris, donnent à voir des figures de résurrection qu’elles ont vécu dans leur apostolat. C’est Ephraïm de Salvador qui renait à la vie après sa rencontre avec la Pastorale des prisons et Bernard de Paris qui guérit après avoir été touché par une parole empathique. Le pape François a rappelé avec force l’importance évangélique pour l’Eglise d’aller dans les périphéries et d’y rencontrer le pauvre, “celui qui n’a pas de droit, qui n’a pas le droit d’avoir des droits” comme le dit la philosophe allemande Hannah Arendt. C’est de ce renouveau- résurrection?- dont nous parle Gustavo Gutiérrez, père de la théologie de la Libération dans une interview donné à ADITAL reproduite dans ce bulletin. Que la joie de Pâques irrigue vos cœurs!■ Gérard Aleton L Le maître et l'élève es petits textes que João da Trindade met sur son blog sont savoureux. En mars, il parlait de sa rencontre avec un paysan au cours d’une marche dans le nordeste brésilien. Marcher en vérité c’est se laisser interpeller par l’autre, se laisser surprendre par son rythme, écouter sa parole. La rencontre de João da Trindade a quelque chose à voir avec la rencontre de Dieu et cette scène fait penser à l’entrée dans Jérusalem de Jésus, monté sur un âne. Page 1/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants Voici le récit/ poème de João da Trindade ainsi que l’icône de Novgorod qui représente la scène: Nous avons fait silence Et j'ai appris à écouter L'élève marchant à côté du maître2 Dépouillement!■ João da Trindade C Prisons du Brésil P érégriner est une expérience de dépouillement Marcher avec le peu que l'on possède Laisser derrière soi ses biens Le pèlerin n'a pas même un toit Mais le dépouillement est avant tout un cheminement intérieur C'est un cheminement d'ouverture et d'écoute! Nous marchions sous le soleil de midi Je me suis demandé, quelle est cette folie Que je fais en marchant sur ces terres! Les terres de l'intérieur Soudain, un jeune paysan est apparu sur la route Assis sur son âne Nous avons cheminé ensemble Lui sur son âne Et moi à ses côtés, à pied Comme le maître et son serviteur Nous nous sommes parlé Entrant en discussion 21/03/2016 écile Biraud- sœur auxiliaire du Sacerdoce de la communauté de Salvador da Bahia- visiteuse de prisons depuis douze ans nous offre deux articles. Le premier est un panorama des prisons brésiliennes et plus particulièrement de celles de Salvador. Il donne à comprendre les conditions infra-humaines que vivent les prisonniers. Un groupe d’hommes et de femmes n’accepte pas cette situation. Ils donnent de leur temps pour apporter un peu de chaleur humaine à ceux qui n’ont rien, qui sont de vrais pauvres. Le témoignage d’Ephraïm, ancien détenu, donne à comprendre que la Pastorale des Prisons lui a permis de recouvrer sa dignité et renaître à la vie. C’est un récit de résurrection. C ´est à travers la petite lucarne de ma mission à l´aumônerie des prisons où j'agis depuis 12 ans à Salvador, que je découvre la complexité du système pénal brésilien. Je n´en connais que la partie que nous pouvons observer durant les quelques heures où, enfermés avec les détenus, nous les fréquentons dans les cours. Des prisons différentes J´ai participé d´abord à l´équipe de pastorale qui visite l´hôpital- prison où sont actuellement abrités 71 hommes et 10 femmes. Ce lieu devrait disparaître, mais plusieurs malades n´ont aucune famille de référence et vivent là depuis parfois des dizaines d´années. Il y existe une double « Les pauvres sont nos maîtres » disait au XVIIème siècle Vincent de Paul. 2 Page 2/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants garde médicale et pénitentiaire. J´ai été ensuite envoyée dans l´unité spéciale disciplinaire : Un local totalement fermé avec des cours minuscules, abritant 228 détenus, récidivistes en attente de jugement. Aujourd´hui je fréquente, toujours en équipe, le presidio3 Salvador (883 détenus également provisoires). Ce presídio, appelé aussi Détention et dénommé « la vieille » car étant la plus ancienne prison de Salvador, est en très mauvais état avec des égouts à ciel ouvert qui passent devant les cellules. Ses avantages sont une très grande cour et des prises électriques dans les cellules qui permettent d´utiliser des ventilateurs. Quand il y a jusqu´à 15 personnes par cellule il ne s´agit pas d´un luxe. Je participe enfin à l´équipe qui visite la cadeia pública4, centre de tri pour ceux qui arrivent des postes de police après leur arrestation, parfois en triste état. De construction récente-sur un modèle américain- elle abrite actuellement 1193 détenus en plusieurs pavillons. Les cours de ciment sont étroites et emmagasinent la chaleur. Ce type de construction ne correspond pas à un climat tropical. Les agents pénitentiaires se plaignent de n´être jamais consultés lors des constructions. Chaque prison dépend d´un directeur, militaire ou civil, et d´ un responsable de la sécurité. Constat d´échec Le système pénitentiaire n´agit évidemment pas sur les causes des crimes. Il se limite à atténuer ses conséquences de manière quasi désespérée et inadaptée. Ce système ne parvient pas à punir un individu en fonction de son délit, encore moins à le réinsérer dans la société. Les détenus eux-mêmes disent en plaisantant qu´ils suivent les cours de l'université du crime ! Beaucoup de ceux qui sont récemment arrivés pour avoir volé un pantalon ou une bicyclette, deviennent compétents en matière 3 Presidio: pénitencier 4 Cadeia publica: prison publique 21/03/2016 de crime au contact quotidien des codétenus expérimentés. Cette faille du système a pour conséquence le fait qu'une quantité énorme d´anciens détenus est libérée dans la société sans aucune réhabilitation. Ils retrouvent la liberté, plus proches encore des occasions de criminalité. On parle de 75% de retour en prison. L´Etat porte une lourde responsabilité dans le fait que beaucoup n´ont pas bénéficié de leurs droits primaires : à la santé au logement à l´éducation, devenant des exclus et ceci avant et après avoir purgé leur peine. Dans le presídio Salvador, beaucoup lisent avec difficulté. Ils écrivent souvent « à l´oreille » Certains ne savent pas écrire leur nom. Une ancienne grande cellule a été transformée en « collège ». Elle contient au plus 15 personnes et les efforts des enseignants sont courageux. Un point de lecture, aujourd´hui rénové, comporte au plus 4 rayons de livres pour plus de 800 détenus. Dans la cadeia pública, ni livres ni cahiers ni crayon (qui peuvent se transformer en armes).Pas d´école. Il n´existe aucune activité. Les prisonniers passent 20 heures de la journée en cellule à 8 dont plusieurs sur le sol, et 4 heures dans les petites cours. Ce régime est fait, m´a dit avec sérieux un directeur : « pour leur enlever l´envie de revenir ». Je ne fréquente pas le pénitencier des hommes. Là, il y a quelques activités possibles. Mais ils sont 1445 hommes pour 771 places sachant que la détention peut durer jusqu´à 30 ans. Un nouveau pénitencier féminin est en construction. Actuellement, toutes les femmes sont mélangées quelle que soit leur situation pénale. S´il n´y a pas de peine de mort dans la loi, malheureusement la mort est présente dans les prisons comme à l´extérieur. Le nombre d´homicides à l´intérieur des prisons brésiliennes est de 24 pour 100.000 alors qu'en Angleterre elle est de 0, 625 pour 100.000. Comme je faisais part de mes observations au directeur de l´UED à propos de l´influence d´un leader, celui-ci Page 3/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants m´a répondu : « Méfiez-vous de lui, il en a déjà tué 7! » Dans ces conditions infra-humaines où les personnes vivent et sont traitées avec mépris, ou simplement avec indifférence, on ne peut guère s´étonner que le résultat soit la loi de la jungle. Les agents se protègent. Trop gentils ils risquent d´être utilisés et rejetés par des collègues plus durs. La machine s´emballe Selon le département pénitentiaire du ministère de la justice, en 2009 il y avait déjà, 469.546 prisonniers avec un manque de 170.000 places. D´après l´IBGE (Institut Brésilien de Géographie et Statistiques) la population carcérale est aujourd´hui de plus de 550.000 prisonniers avec un manque de 4.655 places dans l’État de Bahia. Comme les autres États, la Bahia construit de nouveaux centres de détention. Malheureusement les constructions ne sont pensées ni en fonction du climat ni dans la perspective d´une réinsertion par l´apprentissage d´un métier. A peine construites elles doivent être rénovées. Les portails électroniques attendent des années la réparation nécessaire qui éviterait des fouilles humiliantes. Les accueils médical, odonthologique et psychologique sont insuffisants surtout si l´on sait que la population carcérale vient, pour la plupart, de milieux pauvres ou misérables. Beaucoup de détenus pourraient être dans la rue, libérés grâce à la loi pénale. Elle prévoit en effet des réductions de peine en cas de bon comportement, de journées de travail ou d´études, éventuellement en cas de maladie en phase terminale ou tout simplement parce que la peine a été purgée. Le temps passe. Il manque un document qui n´a pas été envoyé par une juridiction ou le nom a été mal orthographié ; il n´y avait pas d´escorte ou de voiture disponible pour aller en audience ou encore le dossier du prévenu a été perdu. J´ai connu un Raphaël qui est resté 3 ans au presidio pour avoir volé un téléphone rendu dès son arrestation. La justice est extrêmement lente. Pourquoi ? 21/03/2016 A qui profite le crime ? En cette période où des personnes de la haute société sont arrêtées pour d´impressionnants détournements, on entend les gémissements de leurs avocats parce que leur client a dû passer Noël en prison. C´est fâcheux en effet pour ces clients mais également pour les milliers de prisonniers qui eux aussi, auraient aimé passer Noël en famille et parfois attendent leur première audience depuis plus d´un an. ! La torture et les mauvais traitements ne sont pas malheureusement pas le fait du passé sous la dictature militaire. Cette semaine, Céleste, est morte après 3 jours d´attente pour pouvoir être hospitalisée. Un jeune est venu me saluer vendredi avec un bras en mauvais état qu´il ne peut plus plier à la suite d´un coup de barre de fer donné par un policier. Heureusement, il a pu être appelé aussitôt par le médecin de la prison. Il faut enfin parler des groupes criminels qui continuent leur activité mafieuse depuis la prison: attaques contre des policiers, fermeture de commerce et d´écoles, exécutions sommaires, paralysie des transports collectifs, attentats contre des établissements publics commandés à distance par téléphone. Le téléphone portable interdit se trouve malgré tout bien présent. Cette situation fait suite à l´existence de gangs qui agissaient dans les quartiers. Aujourd´hui l´organisation criminelle est beaucoup plus organisée. Les directeurs doivent éviter de réunir dans la même cour des ennemis jurés. Les groupes protègent les leurs. Les jeunes qui arrivent se mettent à leur service ou sont embarqués dans des factions rivales. Un professeur de criminologie de Louvain présente la prison comme un site industriel avec ses entrées et ses sorties de « matériau ». C´est une industrie qui fait vivre beaucoup de monde : Juges, avocats, police civile et militaire, personnels administratifs, cuisines, monde de la santé, Page 4/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants enseignants, agents pénitentiaires, commerçants. L´utilisation de la peur par les medias est efficace. Presque chaque chaîne de TV a son émission «Alerte dans la ville » à partir de la présentation irrespectueuse des détenus, des victimes, des familles. La vente des matériels de protection de toutes sortes est en progression constante et le commerce des armes se porte bien malgré la législation. Les prisons reçoivent des financements en fonction du nombre de détenus. Un policier reçoit un bonus plus important pour l'arrestation d’un vendeur de drogue que pour celle d'un usager. L'usager encourt un an de peine de prison contre quatre pour le revendeur. Il est tentant de forcer le trait. Et la pastorale des prisons dans contexte ? ce Celle-ci est la présence de l´Eglise catholique en réponse à l´appel du Christ : « J´étais en prison et vous êtes venus me visiter (Mt25) ». Elle existe sur tout le territoire national et est respectée par l´administration pénitentiaire, parfois crainte également car si elle a pour objectif d´annoncer l´Evangile, elle se sent chargée de dénoncer ce qui lui est donné de voir et qui défigure l´humanité. La législation brésilienne présente l´assistance religieuse comme un droit des personnes incarcérées. Nous considérons les détenus non en les plaignant mais en regardant l´humanité qui est en eux. Nous leur faisons découvrir un visage d´un Dieu qu´ils ignoraient à travers la personne du Christ. Beaucoup sont « religieux » mais ignorent la foi chrétienne. A partir de ce regard sur Jésus de Nazareth, certains sont touchés par le message. Cette année, plusieurs ont témoigné de cette rencontre avec gratitude. Nous les visitons toujours en équipes de plusieurs personnes : Célibataires, couples, religieux de diverses générations (de plus de 25 ans). Ce témoignage communautaire signifie déjà l´Eglise. Pour les 9 prisons de Salvador nous devons être autour de 60 personnes. Plusieurs abandonnent après la session de 21/03/2016 formation et les premières visites. Ceux qui restent savent pourquoi ils le font. Le pape François nous y encourage : dans ses textes sur la miséricorde et dans ses actions auprès des détenus à Rome ou au Mexique ! Nos évêques viennent avec nous lors des grandes fêtes. Nous rendons aux détenus quelques services selon nos possibilités : Téléphone ou parfois, visites à la famille, démarche auprès des défenseurs publics en nombre insuffisant (avocats commis d'office pour les personnes sans ressource soit 75% des détenus), messages au personnel de santé ou aux assistants sociaux, à la direction de la prison, au juge. Le service que les prisonniers préfèrent entre tous est le relevé, à partir d´ internet, de la situation de leurs procès. Même s´ils ne participent pas à nos réunions, ils viennent donner leur nom pour recevoir ce document qui signifie qu´ils ne sont pas complètement oubliés par la justice. Chacun des agents de pastorale a ses spécialités: J´aime apporter des fleurs, des photos ou des peintures, mettre en théâtre une scène de l´évangile après qu´elle ait été lue et commentée. Hier, le magnifique texte du père miséricordieux(Lc15) a donné à voir un enfant prodigue plus vrai que nature (15 ans de taule), un père plein de miséricorde et un frère aîné vraiment furieux ! Après la rencontre, ce « père » est venu me trouver : « Je veux relire ce texte. C´est ma vie exactement qu´il raconte. Est ce qu´il y a d´autres passages comme celui-là ? Et vous, irmã quel passage méditez-vous le plus souvent ? » De tels moments font oublier les exigences de la fouille, le bruit ambiant, les égouts, le fait de ne pas pouvoir s´asseoir sur un siège, les coups de griffes de certains évangéliques pas toujours évangéliques qui nous traitent d´impies, quelques réflexions des agents pénitentiaires qui sont nécessairement moins bien vus par les détenus... Une heureuse initiative Un avocat brésilien, Mario Ottoboni, a créé une proposition différente et une méthode Page 5/17 Numéro 32 Du levain pour Demain appelée APAC : Association de Protection et d'Assistance au Condamné. Cette méthode fonctionne dans une centaine de prisons au Brésil et s´est exportée dans 19 pays. Elle fait appel à la société civile pour permettre à ceux qui s´appellent « récupérants » de se préparer à une nouvelle vie. Il s´agit d´un type de prison humaniste et chrétienne qui n´emploie pas la police et la force et où les détenus ont la clé. La discipline y est stricte avec des apprentissages, du travail, des réunions de groupes, une responsabilisation de chacun et la possibilité d´une vie spirituelle. Ce système coûte moins cher (375R$ au lieu de 2000R$par mois) les fugues sont quasi inexistantes et la récidive très faible, inférieure à 10%. Nous avons failli avoir une telle prison dans la Bahia mais les politiques ont changé la donne. L'espoir est permis car les juges de Brasília sont favorables à cette petite révolution. Je n´ai pas parlé des courageuses épouses et mères qui prennent le chemin de la prison et passent parfois la nuit à la porte pour être présentes à la visite. J´écris ce 8 mars, fête des femmes. Chapeau pour elles ! ■ Cécile Biraud sœur A.S. Messe dans une prison de Salvador Témoignage de l'ex prisonnier Ephraïm 21/03/2016 L Bulletin des sympathisants e texte qui suit est le témoignage d´un ex- prisonnier que nous appellerons Ephraïm, il a un nom biblique. Moniteur de sports de combat, détenu dans un secteur de « sécurité » qui est à l´étage supérieur de la prison donnant sur la cour par un balcon, il a appris en prison ce qu´est un combat intérieur dont il est sorti victorieux. « Quand je suis arrivé dans ces lieux, et que j´ai vu tous ces types me regarder et dire : Voilà un nouveau, j´ai tout de suite pensé : ma vie est foutue ! J´ai passé des jours et des nuits difficiles dormant sur le sol froid. Quand il pleuvait, c´était bien pire, le sol était mouillé à cause des gouttières. Très souvent, je ne dormais pas, j´étais de corvée avec un autre détenu pour vider les tinettes qui débordaient dans la cellule. Quand arrivait le matin, (à l´ouverture des cellules) je cherchais un coin et restait seul, écoutant des voix qui me disaient à tout moment de grimper sur le mur pour me jeter en bas où certainement je mourrais. Un jour j´ai vu Mr António, aujourd´hui mon parrain de baptême, montant les escaliers et saluant tout le monde. J´ai vu que dans un coin de cellule, il se réunissait avec des détenus. Je restais à observer de loin. C´est alors que j´écoutais quelque chose me disant : vas vers eux ! Et en même temps j´entendais aussi une voix qui me suggérait de me tuer, mais j´ai résisté et me suis approché de ce groupe. J´ai été très bien accueilli et j´ai éprouvé une véritable paix. Aujourd´hui, je vous dis, membres de la pastorale des prisons, cette rencontre a été pour moi une ligne de partage des eaux dans ma vie. Je dis toujours aux détenus : ne venez pas à la rencontre de la pastorale à cause du SAJ (Document du tribunal que nous obtenons par internet et qui fait état de la situation du procès). Venez parce que le salut de votre vie est dans la parole de Dieu transmise par les frères de la pastorale. Je dis ceci en toute certitude et vous savez que c´est vrai parce que plusieurs d´entre vous ont partagé ma souffrance ». Aujourd´hui, Ephraïm se trouve libre. Il a été baptisé en même temps que son fils, luimême papa, le jour de la fête des pères au cours de laquelle ils se sont réconciliés. La direction des prisons a accepté, à notre demande, de faciliter cette rencontre entre 2 Page 6/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants détenus de deux prisons différentes pour une célébration inoubliable.■ Cécile Biraud sœur A.S. Prendre soin Catherine Roth- sœur auxiliaire du Sacerdoce de la communauté de Paris- est infirmière dans un grand hôpital parisien5. Le véritable soin va au-delà de l’acte médical. Quand on associe l’acte thérapeutique à l’écoute attentive et à la parole vraie alors la guérison est possible. C’est ce dont témoigne Bernard, patient de Catherine. C e matin arrive à la consultation, Bernard âgé de 52 ans pour la réfection de son pansement. Depuis le mois de septembre, il vient régulièrement pour la prise en charge de ces ulcères aux deux jambes qui demandent des pansements quotidiens. Depuis plusieurs semaines, je lui conseille des soins d’hygiène : de faire des bains de pieds et de changer de chaussettes régulièrement. Il me répond toujours qu’il est d’accord, mais je vois bien qu’il n’en tient pas compte, car il a toujours la même paire de chaussettes depuis qu’il vient me voir et l’état cutané de ses jambes évolue peu. Aujourd’hui, je suis surprise de voir qu’il porte une paire de chaussettes neuve, il me dit sa joie de pouvoir marcher de nouveau et que les soins lui font du bien. A l’ablation des pansements, je constate que la jambe droite est guérie alors que la jambe gauche reste inflammatoire et suintante. C’est la première fois que je l’entends exprimer sa joie de pouvoir marcher mieux et plus longtemps. En nettoyant sa plaie je lui dis que je suis heureuse avec lui de cette amélioration. Et il ajoute « depuis longtemps, il y avait un certain déni de beaucoup de choses ». Comme je l’encourage à continuer de prendre soin de lui, il me lance avec Elle a publié: le soin hospitalier –une aventure partagée aux Editions Siloé 5 21/03/2016 violence : « Vous ne réalisez pas le bouleversement que c’est pour moi ! » Et subitement, me revient à la mémoire, ce qui m’avait été raconté de son histoire : Il avait été expulsé avec sa compagne, de leur appartement par les services sanitaires de la mairie de leur arrondissement. Ils vivaient avec 400 souris dans une saleté difficile à imaginer. Alors, j’interromps un instant le soin et me tourne vers lui pour lui dire : « C’est vrai, vous avez raison je ne réalise pas le bouleversement que vous êtes en train de vivre ». Et je poursuis le soin en silence. Je me sens comme sur le seuil d’une maison que je ne peux franchir. Pour reprendre le dialogue, je lui demande des nouvelles de sa compagne à qui il rend visite tous les jours dans le foyer où elle est hospitalisée. Il est heureux de me dire qu’elle est bien prise en charge par tout le monde. Et là, je vois son visage s’illuminer et il continue : « Vous savez on se connaît depuis 30 ans et je lui dois tout » Et voilà qu’il m’explique ce qu’il a traversé et comment sa compagne l’a aidé à se relever. Son visage est rayonnant de lumière alors qu’il me parle d’elle. C’est comme si le soleil entrait dans la pièce. Je suis touchée de constater ce qui change en lui : ce goût à la vie qui revient et ce soin qu’il prend de lui-même, grâce à cette force de vie qu’il reçoit de sa compagne, lui permet de se remettre debout, pour que vive le meilleur de lui-même. Je pense aussi aux soignants qui s’occupent de sa femme et qui s’intéressent à lui. Toute une chaine de solidarité qui m’évoque, une fois encore, l’homme paralysé dans l’évangile qui est amené à Jésus en étant porté par d’autres. Mais il m’a bien rappelé par sa violence exprimée, que je n’avais pas à lui imposer ce qui pourrait me sembler bon pour lui. Je suis là, bien plus pour le soutenir que pour l’entraîner, là où il n’a pas forcément envie d’aller pour le moment. Avec lui, comme avec d’autres patients j’apprends à leur contact à ne m’étonner de rien pour m’attendre à tout. N’est-ce pas ce qui leur permet de se sentir accueilli dans leur zone d’ombre et de lumière ? A d’autres moments Page 7/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants où il semblait retomber, le rappel de sa compagne qui ne l’avait jamais abandonné, remettait du soleil dans ses yeux et lui redonnait courage pour continuer la route. Après trois mois de soins réguliers, tout est cicatrisé. Il se donne lui-même des objectifs à atteindre, des projets s’ébauchent…n’estce pas l’image de la vie plus forte que la mort ? ■ Catherine Roth, sœur A.S. Interview de Gustavo Gutiérrez L e père de la théologie de la libération Gustavo Gutiérrez6 est suivi par plusieurs générations de théologiens. Le prêtre dominicain, avec son style simple et franc, a donné une interview exclusive à ADITAL pour évoquer l’actualité de la théologie de la libération, la notion de pauvre en Amérique Latine et la façon d’évaluer la politique dans le continent sudaméricain. Au sujet de la rencontre avec le pape François, lors de l’assemblée de la Caritas en 2015, le théologien dit reconnaître dans le souverain pontife un homme brave qui conduit l’Eglise dans un moment de kairós qui en grec signifie le moment opportun. Au sujet de la force de la jeunesse, Gutierrez dit en plaisantant qu’il ne suffit pas d’être jeune pour promouvoir des changements, puisque un être libre peut suivre des chemins différents. Avec finesse le prêtre explique à ADITAL l’importance de l’humour, forme de communication, qui en outre peut aider l’être humain à avancer dans son âge. A dital : quelle est l’actualité de la théologie de la Libération ? Quelles en sont les perspectives Interview réalisée par la journaliste Cristina Fontenele et publiée le 5 février par ADITAL (Agencia de Información Fray Tito para América Latina) 6 21/03/2016 et comment renouveler le leadership ? Gustavo Gutiérrez : En tant que chrétien et prêtre, ma première préoccupation est de faire de la théologie et ceci n’est pas l’Evangile. La théologie est un acte second, qui reflète la lumière du message évangélique sur la vie des chrétiens. C’est ce dernier qui est ma préoccupation principale. Durant toute ma vie, j’ai été curé de paroisse, engagé dans les mouvements et il est évident que j’aime beaucoup la théologie. Je pense important d’être impliqué dans le travail pastoral. Dans le cas de mon pays le monde pastoral est très limité. Bien que n’ayant jamais enseigné dans une université de théologie, j’ai commencé à le faire à plus de 70 ans. Auparavant, j’ai travaillé en pastorale, écrit et réfléchi. La théologie m’enchante et je la vois comme une compréhension de l’espérance. C’est une herméneutique de l’espérance. Elle pose la question des signes des temps car chaque question doit questionner le moment dans lequel on vit. Le message chrétien est bien sûr la racine et le fondement mais la manière de le vivre aujourd’hui dépend des conditions. En ce qui concerne l’actualisation du leadership il est évident que l’on ne va pas trouver un million de théologiens ; ce n’est pas même nécessaire. Sur le fond, un chrétien qui pense sa foi est toujours un théologien. A chaque fois que je m’exprime je fais de la théologie. C’est de cette théologie là dont nous parlons à la lumière des sources mises en question comme dans n’importe quelle discipline. Adital : Pourquoi parler du concile Vatican II après 50 ans ? Gustavo Gutiérrez : Parce que l’on célèbre son anniversaire comme celui d’une personne. 50 ans de Vatican II ça compte et le message est toujours d’actualité. Adital : qu’est-ce que la méthode du voir-juger-agir ? Page 8/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants Gustavo Gutiérrez : C’est écouter l’histoire. Voir signifie voir la réalité pour ne pas élucubrer (gamberger)- « ça serait bien… » en l’associant aux « signes des temps ». Avant de juger, il faut discerner les causes et les effets. Dans le fond, la vraie raison de voir et de juger est l’action. Le vrai sujet n’est pas d’écrire un livre mais de s’engager face à un problème. C’est une méthode simple, née dans les années 1920 en France et en Belgique et mise en forme par le prêtre belge Joseph Cardjin devenu ultérieurement cardinal. Juger c’est lire les évènements à la lumière de l’Evangile. Sur un ton plus modeste, l’action pourrait- être « que pourrions-nous faire ? ». Tout le monde n’en est pas capable ; certains ne le peuvent pas par manque de temps, à cause de l’âge ou de leur métier. En pratique il y a une multitude de possibilités d’actions. Les conférences épiscopales de Medellin, Puebla, SaintDomingue, Aparecida ont toutes utilisé la méthodologie du « voir-juger-agir ». Adital : Vous avez déclaré qu’il ne suffisait pas d’être jeune. Qu’est-ce que cela veut dire ? Gustavo Gutiérrez : J’en suis convaincu. Il est vrai que la force de la jeunesse, la santé, la connaissance ont changé beaucoup de choses mais dans le fond les jeunes sont des personnes libres qui peuvent mal travailler et utiliser leur connaissance d’une autre façon. A titre d’exemple, tous les étudiants en médecine ne seront pas des médecins attentifs aux patients (réalité d’aujourd’hui). Aux Etats-Unis d’Amérique, il existe des médecins de grande capacité technique mais dont le contact avec le malade est médiocre. Autrefois, le dialogue avec le patient comptait beaucoup. C’est le même problème pour la théologie. Il existe de nombreux jeunes latino-américains théologiens mais cette profession ne leur permet pas de vivre. Nous en tant que prêtre, nous n’avons pas de salaire suffisant pour subsister. Ces jeunes qui en ont la possibilité font un autre travail mais du même coup sont perdus pour la 21/03/2016 théologie. On peut bien commencer et mal finir ! Gustavo Gutiérrez Adital : Vous avez évoqué les pauvres ; qui sont les pauvres en Amérique Latine ? Gustavo Gutiérrez : J’ai parlé du pauvre en partant de l’Ecriture et non de l’Economie ou des sciences sociales. Le pauvre est celui qui ne compte pas, qui est insignifiant. Ils sont nombreux. Il existe une pauvreté monétaire ou économique qu’il faut étudier. Prenons en exemple la condition féminine car bien que toute femme ne soit pas pauvre, il suffit d’être une femme pour que certains droits soient absents. Il en va de même avec la couleur de peau, les indigènes, les métis (je suis un métis), les japonais, les chinois et quelques européens dans le Pacifique (où l’immigration a eu quelque importance). La connaissance est un pouvoir. Adital : Comment évaluez-vous l’action du pape François et dites nous quelques mots sur la rencontre de la Caritas en 2015 ? Gustavo Gutiérrez : Je crois que l’Eglise vit un mouvement riche et intéressant dans un renouveau évangélique. Les questions que pose le pape comme la nécessité de sortir, de lutter contre la corruption, de s’ouvrir Page 9/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants représentent un moment de joie. Il est très courageux car il n’est pas facile de vaincre l’inertie ambiante. Le pape François a créé un climat différent qui reçoit l’appui de personnes non chrétiennes mais qui voient en lui quelqu’un de proche, qui témoigne de la tradition abrahamique et qui est profondément évangélique. C’est tout cela que j’ai évoqué avec lui lors de notre rencontre. Adital : quelles sont les réformes les plus urgentes dans l’Eglise ? Gustavo Gutiérrez : Le pape a repris à son compte une idée très forte de Jean XXIII qui est celle de l’importance du pauvre. La grande quantité de migrants est un scandale. Alors que nous vivons dans une époque qui dispose d’abondantes ressources, ces personnes sont obligées de quitter leur pays au risque d’être tuées. Résoudre ce problème est urgent. En parallèle, il existe des problèmes propres à l’Eglise dont ceux discutés durant le synode de la famille, le refus de la corruption et de l’argent sale. On peut appeler cela une réforme mais ceci touche de fait plutôt au fonctionnement des institutions et aux règles concernant le comportement des fonctionnaires. Nous vivons un climat de retour aux origines. Pour employer un langage théologique et biblique nous vivons un moment de kairós qui signifie moment opportun ; c’est le moment actuel. Adital : N’est-ce pas le bon moment du dialogue inter-religieux ? Mais comment est-ce possible, alors que de par le monde de nombreux conflits sont justement liés à la religion ? Gustavo Gutiérrez : Le dialogue est engagé depuis longtemps. Les conflits ont diminués par rapport au siècle précédent qui a connu de nombreuses guerres même si leur physionomie a changé à l’exemple des conflits contre les fondamentalistes musulmans. Je sais qu’il y a encore beaucoup à faire, même si un certain type de violence 21/03/2016 des époques passées s’est estompé. L’exemple typique est celui du fondamentalisme qui croit pouvoir régenter les consciences. Il est nécessaire de respecter la diversité culturelle, l’histoire ; chaque peuple possède une grande et des petites histoires avec lesquelles ils sont familiers. Il faut dialoguer pour mieux se comprendre notamment sur les points qui posent question. Le dialogue inter-religieux est très important mais il faut établir la justice car sans justice il n’y a pas de paix. C’est justice de reconnaître le droit de tous et justement ceux dont les pauvres sont dépourvus. A ce sujet je me remémore une phrase de la philosophe allemande Hannah Arendt qui dit « qu’être pauvre c’est ne pas avoir de droit, pas avoir le droit d’avoir des droits ». Il faut casser cela car il n’est pas possible qu’il y ait des êtres humains dont les droits sont bafoués. C’est la loi de la vie, la loi de la liberté. Adital : Que pensez-vous du climat en Amérique Latine où se sont déroulées récemment des élections comme en Argentine, Guatemala et Haïti ? Gustavo Gutiérrez : Les situations sont des plus diverses, mais on peut dire, qu’au moins, il y a des élections alors que nous avons connu des dictatures. Que ce soit en Argentine, Uruguay ou Brésil, la situation a grandement évolué même si ce n’est bien sûr pas suffisant. Ce n’est pas parce qu’il y a des élections que nous allons mieux alors que nous vivons dans un continent de grande inégalité économique. Les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. J’ai lu récemment la phrase d’un grand économiste et philosophe qui disait : « Le monde est spectaculairement riche et désespérément pauvre ». Cela ne devrait pas être et il y a encore beaucoup de travail à faire pour changer la situation. Adital : Mais n’avez-vous pas mentionné que l’Amérique Latine est le continent de l’Espérance… Page 10/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants Gustavo Gutiérrez : C’est sympathique et bien sûr l’espérance existera toujours. Ce type de phrase donne courage aux gens. L’espérance est présente, mais aussi absente, dans le monde entier : en Afrique, en Asie. La phrase qui affirme que « la dernière chose que l’on perd est l’Espérance » ne vaut pas seulement pour l’Amérique Latine mais pour le monde entier. En Amérique Latine dont nombre de pays sont passés de la dictature à la démocratie il est nécessaire de valoriser les acquis. Adital : Quelle est votre spiritualité et comment la vivez-vous ? Gustavo Gutiérrez : La spiritualité couvre les réalités les plus diverses. C’est mettre des pantoufles pour cheminer sur des terrains bosselés ; c’est une folie mais elle est fondamentale. Le principal message de Jésus est l’amour du prochain et la primauté du pauvre. A la question que pose fréquemment l’enfant à sa mère : « Maman aime-tu mieux mon frère que moi ?», la réponse éternelle est « Je vous aime tous également ». Mais si la mère ne protège pas les plus petits, tous deviennent malades. Alors pourquoi les pauvres d’abord ? Parce que ce sont les plus faibles. C’est évident mais beaucoup ne le comprennent pas. Ils disent : « Non, Dieu ne parle pas seulement des pauvres… ». Dieu aime tout le monde mais en premier lieu et en même temps les plus faibles. Adital : Que signifie pour vous la béatification d’Oscar Romero exarchevêque de San Salvador ? Gustavo Gutiérrez : Je crois que sa béatification puis sa canonisation est riche et importante pour l’Amérique Latine parce que les gens n’ont pas compris l’essentiel. Bien sûr sa mort a eu un impact important mais à El Salvador beaucoup de baptisés catholiques l’accusaient d’être communiste. Cette reconnaissance va libérer et valoriser d’autres témoignages de même type dans de nombreux endroits d’Amérique Latine. En Argentine, ils ont assassiné Mgr Enrique 21/03/2016 Angelelli avant Romero puis Juan Geraldi au Guatemala après Romero sans parler de la foule des laïcs et religieux martyrs. Reconnaître que Romero fut assassiné par des chrétiens parce qu’il défendait des pauvres sera très intéressant pour l’Eglise latino-américaine. Adital : Vous évoquez souvent l’humour. Quel est son importance dans la vie Gustavo Gutiérrez : C’est ne pas se prendre au sérieux et ne pas croire que c’est le dernier coca-cola comme ils disent. Ce n’est ni persifler ni signifier que vous ne souffrez pas. Ce n’est pas une indifférence même superficielle à la misère du monde. Je crois qu’il ne faut jamais perdre son humour. En disant qu’il y a un sacrement pour retrouver la grâce mais pas pour récupérer l’humour je plaisante un peu ! L’humour nourrit l’esprit. Les personnes qui se retiennent n’agissent pas. Même devant une situation difficile, il faut maintenir distance et humour. L’humour est aussi une façon de communiquer. Plaisanter est ma manière d’être, mais cela ne signifie pas que tout soit bien et que je ne sois pas préoccupé par la pauvreté car la souffrance de tant de personnes m’est scandaleuse. Toute ma vie, j’ai travaillé avec des personnes pauvres, comme prêtre, toujours dans les périphéries ; c’est douloureux mais je ne peux pas pleurer toute la journée et les gens non plus. Ce que je veux c’est qu’ils se sortent de cette situation. L’obsession de l’argent chez beaucoup de gens prime sur tout, notamment sur la proximité avec l’autre. Je crois également que l’humour permet de vivre plus vieux !■ Interview réalisée par la journaliste Cristina Fontenele pour ADITAL P O mestre e o aluno eregrinar é experiência de despojamento Andar com o pouco que tem Page 11/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Deixar para trás os seus pertences Nem casa o peregrino tem Bulletin des sympathisants Mas o despojamento é muito mais um caminho interior É um caminho de abertura e escuta! Andamos no sol forte do meio dia Perguntei-me, qual a loucura O que estou fazendo andando nestas terras? Terras do interior! De repente apareceu na estrada um jovem camponês Sentado no seu jegue Andamos juntos Ele no jegue Eu ao seu lado a pé Como um dono e seu peão Conversamos Batemos um papo Fizemos silêncio E aprendi a escutar O aluno andando ao lado do mestre, Despojamento!■ João da Trindade O Testemunho de Efraim texto abaixo é um relato do exinterno Efraim (nome fictício), em um de nossos encontros. Trouxemos como relatório por entendermos que é necessário registrar sempre o fruto da nossa missão, ainda que embrionário, no que se refere à conversão. ´ No processo de conversão, sabemos, é preciso dar o primeiro passo. É como uma criança que começa a engatinhar , tenta se erguer; a mão estendida do pai (Pai) ou da mãe (Mãe) dará a coragem para seguir em frente. E nós, Pastoral carcerária, somos como braços que se alongam e multiplicam para que a mão do Pai Misericordioso alcance, a todos e a cada um. “Quando chequei aqui neste lugar e vi todas essa gente me olhando, e dizendo chegou novato, pensei logo: minha vida acabou! Passei dias e noites difíceis dormindo no chão frio. Quando chovia era bem pior o chão ficava molhado por causa das goteiras. Muitas vezes, nem dormia ficava de castigo com outro companheiro, onde revezamos e tínhamos que esvaziar o poço que transbordava dentro da cela. Quando amanhecia eu procurava um canto e ficava sozinho, ouvido vozes que me dizia a todo instante para subir no muro e se jogar em baixo a onde concerteza eu morreria. Um dia, eu vi Sr. Antonio, hoje meu padrinho de batismo, subindo as escadas e cumprimentando todos. Vi que num canto de uma cela ele se reuniu com os outros detentos. Fiquei observando. Foi então, que algo me tocou dizendo vá para junto deles e no mesmo tempo eu ouvia também algo me dizer que era para eu me matar, mas, resisti e foi para perto desse grupo. Fui muito bem acolhido e senti uma verdadeira paz. Hoje eu digo a vocês da pastoral; esse encontro foi um divisor de água na minha vida. Sempre digo aos outros, não venha ao encontro da pastoral por causa do SAJ, pois, a salvação da sua vida estar na palavra de Deus, transmitida pelos irmãos da pastoral. Falo isso com toda certeza e vocês sabem que é verdade, pois alguns de vocês compartilharam o meu sofrimento”. Hoje este rapaz se encontra em liberdade. Termino dizendo vejam o tamanho da missão e responsabilidade com o Reino de Deus! ■ Cécile Biraud, irmã A.S. Entrevista de Gustavo Gutiérez C onsiderado o pai da Teologia da Libertação (TdL), Gustavo Gutíerrez7 segue admirado por várias gerações de teólogos. O sacerdote dominicano, com estilo simples e franco, concedeu uma entrevista exclusiva à Adital para falar sobre a atualidade da TdL, quem são os pobres na América Latina e como Entrevista realizada pela jornalista Fontenele e publicada em ADITAL 7 21/03/2016 Cristina Page 12/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants avalia o contexto político no continente. Sobre o encontro com o Papa Francisco, na Assembleia da Cáritas, em 2015, o teólogo diz reconhecer no pontífice um homem valente, que conduz a Igreja em um momento de Kairós, que, em grego, significa momento certo, oportuno. Sobre a força da juventude, Gutiérrez brinca que não basta ser jovem para promover mudanças, pois um ser livre pode seguir variados caminhos. Espirituoso, o sacerdote explica à Adital a importância do humor, que também pode ser uma forma de comunicação, além de ajudar o ser humano a avançar na idade. Para o teólogo e sacerdote Gustavo Gutiérrez, a Teologia precisa estar próxima do trabalho pastoral, sendo a mensagem da Teologia da Libertação uma proposta atual. A dital: Como avalia a atualidade da Teologia da Libertação? Quais as perspectivas e como renovar as lideranças? Gustavo Gutiérrez: Sei que está subtendido, mas prefiro explicitar. Minha primeira preocupação, como cristão, sacerdote, é fazer teologias, e isto não é o Evangelho. A Teologia é um ato segundo, que reflete, precisamente, sobre a vida dos cristãos, à luz da mensagem evangélica. Minha maior preocupação é isso. Eu fui, durante toda a vida, pároco, assessor de movimentos e, claro, gosto muito da Teologia, e fiz Teologia. Creio que é importante estar muito próxima do trabalho pastoral. No caso do meu país, o mundo pastoral é muito circunscrito. Nunca ensinei numa Faculdade de Teologia, mas, agora, aos 70 e tantos anos, comecei a ensinar em uma Faculdade. Um pouco tarde. Antes, eu desenvolvia o trabalho pastoral, reflexões, escrevi também. Me encanta a Teologia e a vejo como uma compreensão da esperança. Para mim, é uma hermenêutica da esperança e continua sendo. Isto significa a questão dos sinais dos tempos, pois todo teólogo precisa ver em que momento vive. Claro que o fundamento, a raiz, é a mensagem cristã, 21/03/2016 mas a maneira de vivê-la, hoje, depende das condições. Sobre a renovação das lideranças, você não vai encontrar 1 milhão de pessoas que trabalham em Teologia, por muitas razões, mas isto também não é necessário. No fundo, um cristão é sempre um teólogo, porque pensa sua fé. Quando eu, enquanto cristão, ‘penso que’, na verdade, já estou fazendo Teologia. Esta é a Teologia que falamos, com o conhecimento das fontes, às vezes, debatida, como em qualquer disciplina na atualidade. Adital: Porque falar do Vaticano II, após 50 anos? [Concílio] Gustavo Gutiérrez: Porque é o seu aniversário, assim como a pessoa faz aniversário, é igual. 50 anos de Vaticano II sempre impressiona e, além disso, sua mensagem continua sendo atual. Adital: O que é a prática do método verjulgar-agir? Gustavo Gutiérrez: É estar atento à história. Ver quer dizer ver a realidade para não elucubrar – "isto seria bom...” – está associado à expressão "sinal dos tempos”. É preciso discernir os fatos, as causas e o porquê se produzem os efeitos, então, vem o momento de julgar. E, depois, a última coisa é, no fundo, a razão de ver e de julgar, que é atuar. Não é que se deva escrever um livro sobre os problemas, mas, sim, o fato de como me comprometo diante disso. É algo muito simples, nasceu nos anos 1920, como um método na Bélgica e França, começou com o sacerdote belga [Joseph] Cardijn, que, anos depois, se tornou cardeal. Julgar é ler os fatos, a partir das exigências do Evangelho. O agir tem um tom mais modesto, seria o "como podemos fazer?”. Há pessoas que podem isso, enquanto outras podem outra coisa. Ao mesmo tempo, existem pessoas que podem fazer outra coisa e não isto, pessoas que não têm capacidade para isso, ou tempo, ou idade ou profissão. Há uma diversidade de ações. Isto é a realidade. As Page 13/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants Conferências Episcopais latino-americanas – Medellín, Puebla, Santo Domingo, Aparecida – usaram o método ver-julgaragir. É uma metodologia. O teólogo peruano considera que estamos vivendo um tempo de Kairós, um momento oportuno para mudanças. Adital:O senhor já declarou que não basta ser jovem. O que isto significa? Gustavo Gutiérrez: Estou convencido disto e digo racionalmente. É verdade que a força da juventude, a saúde, o conhecimento, mudaram coisas muito importantes, mas, no fundo, são pessoas livres. Podem trabalhar muito mal e podem usar o seu conhecimento de outra maneira, isto também ocorre. Por exemplo, nem todos os que estudam Medicina vão ser médicos compreensivos com o paciente. Hoje em dia, quase não existem. Nos Estados Unidos, por exemplo, existem médicos de uma impessoalidade impressionante, mas que sabem muito. A Medicina clássica era muito mais do contato mais pessoal. O diálogo com o paciente é muito importante, tomando como exemplo a Medicina. Então, creio que é isto o que ocorre. Quanto à Teologia, existem muito jovens Latinoamericanos, senão todos, mas não é uma profissão da qual se pode viver. Nós, como somos sacerdotes, não temos salário profissional suficiente para sobreviver. Então, essas pessoas que podem estudar outra coisa, que podem ser um profissional, com uma entrada econômica, estão sacrificando-se. Enfim, todos os jovens, todas as pessoas podem começar bem e não terminar bem. Adital: O senhor já comentou sobre a força dos pobres. Quais são os pobres de hoje, principalmente na América Latina? Gustavo Gutiérrez: Eu falei a partir das escrituras e não das Ciências Sociais, ou da Economia. O pobre é o que não conta, é o insignificante, e eles são bem numerosos. Existe a pobreza que se chama monetária ou 21/03/2016 econômica, e é preciso estudá-la. A condição feminina por exemplo. Não é que toda mulher seja pobre, mas basta que seja mulher para que existam direitos que não estão presentes. Assim também ocorre com a cor da pele, indígenas, mestiços (eu sou mestiço), japoneses, chineses, alguns europeus no Pacífico (a imigração chegava muito por aí). Veja, o conhecimento é poder. Adital: Como avalia o papado de Francisco e como foi o encontro dos senhores na Assembleia da Cáritas, em 2015? Gustavo Gutiérrez: Acredito que a Igreja está em um movimento muito interessante, rico e com um grande frescor do Evangelho. Essas questões do Papa, de "sair”, ir contra a corrupção, de abrir-se, é um momento de alegria, e ele é muito valente, porque isso não é fácil. Claro que as pessoas que estão com ele também resistem. O Papa Francisco criou um clima muito diferente, que, além disso, tem um apoio imenso de pessoas que não são cristãs, e que veem neste homem alguém que fala a Abraão, que é próximo, e tem o sentido profundamente evangélico. Isto foi o que conversei, quando o encontrei. Adital: Que reformas considera mais urgentes na Igreja? Gustavo Gutiérrez: Ele [Papa] retomou uma coisa muito forte de João XXIII, que é o pobre, e isto é uma urgência. Realmente, a quantidade de pessoas que estão nas migrações, por exemplo, é um escândalo. Estamos em um século com tantos recursos e essas pessoas precisam correr do seu país, senão as matam. Isto é uma super-urgência. Ao mesmo tempo, existem também, naturalmente, questões da Igreja, discutidas durante o Sínodo da Família, o rechaço enorme da corrupção, não querer o dinheiro corrompido. Muito se pode chamar de reforma, numa parte mais institucional, é preciso mudar as regras também do comportamento dos funcionários. O clima que estamos vivendo é algo como voltar ao Page 14/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants princípio. Falando teologicamente e biblicamente também é o que o chamamos de um Kairós , palavra que quer dizer momento oportuno, este é o momento atual. Para um diálogo inter-religioso efetivo, Gutiérrez destaca o respeito à diversidade cultural dos povos. Adital: É um momento, então, de diálogo inter-religioso? Como é possível, diante de tantos conflitos no mundo em torno da religião? Gustavo Gutiérrez: O diálogo já havia começado antes. Os conflitos diminuíram muito em relação ao século passado, quando havia guerras. Agora, são outras guerras, a exemplo do que ocorre com os muçulmanos. Eu sei que ainda há muito por fazer, embora já mudaram o que havia de mais violento em outros tempos. Existe, por exemplo, o fundamentalismo, as pessoas que creem que isto é assim e é assim para todos. É preciso respeitar a diversidade cultural, as histórias, todos os povos têm, como os seres humanos, suas pequenas histórias, estão acostumados a elas. Às vezes, existem coisas que não estão bem em qualquer cultura, então, é preciso entrar em diálogo para se compreender melhor. O diálogo interreligioso é muito importante, mas é preciso estabelecer a justiça porque, sem ela, não há paz. E a justiça é reconhecer os direitos de todos, e é, justamente, o que falta para os pobres. Recordo uma frase de Hannah Arendt, filósofa judia alemã, que diz que "ser pobre é não ter direitos, não ter direitos a ter direitos”. Isto é preciso ser interrompido. Não é possível que haja seres humanos sem direitos respeitados. Isto é a lei da vida, lei da liberdade. Adital: Como avalia o clima na América Latina, que passou por eleições recentes, como na Argentina, Guatemala e Haiti? Gustavo Gutiérrez: Há uma grande variedade, mas uma coisa geral que se pode dizer é que existem eleições. Digo isto porque tivemos, na América Latina, países 21/03/2016 com ditaduras. Na Argentina, Uruguai, no Brasil, ou seja, houve uma mudança grande. Agora, é verdade que não foi suficiente. Não basta ter eleições para dizer que estamos bem. Estamos no continente mais desigual economicamente e isto é preciso combater. Os ricos são cada vez mais poderosos e os pobres cada vez mais pobres. Li uma frase de um grande economista e filósofo que diz: "o mundo é espetacularmente rico e desesperadamente pobre”, é notável esse homem. Isto não deveria ocorrer, mas está na América Latina e ainda não há um trabalho para mudar. Adital: Mas o senhor já mencionou que a América Latina é o continente da esperança... Gustavo Gutiérrez: É uma coisa simpática. Mas claro que também a esperança sempre existirá. Essas são frases que animam as pessoas. A esperança está ausente e presente em toda parte. Na África, na Ásia. E já que estamos falando de pessoas, existe uma frase que diz que "o último que se perde é a esperança”, mas a frase não diz "na América Latina, o último que se perde é a esperança”, portanto, vale para todo ser humano. Por ter havido mudanças importantes, é necessário valorizar, na América Latina, este passo, politicamente falando, de sair de ditaduras para a democracia. Adital: O que é a espiritualidade para o senhor e como vivê-la, hoje? Gustavo Gutiérrez: A espiritualidade cobre muitas realidades. É colocar os chinelos e caminhar por muitos lugares, que não estão nivelados, o que é uma loucura, mas é o fundamental. A mensagem fundamental de Jesus é o amor às pessoas e a primazia dos mais pobres. Há uma pergunta eterna que se faz às famílias – "Mamãe, você ama mais meu irmão do que a mim?” – A resposta eterna é "amo todos de forma igual”. Mas, se a mãe não protege os menores, ficam todos doentes. Então, por que primeiro os pobres? Porque são mais fracos. É uma coisa tão Page 15/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants simples e as pessoas não entendem. Dizem – "Não, Deus não fala somente para os pobres...” Deus ama todas as pessoas, mas, ao mesmo tempo, primeiro os fracos. Adital: Sobre monsenhor [Óscar] Romero [ex-arcebispo de San Salvador], qual o significado da sua beatificação? Gustavo Gutiérrez: Começo pelo fim. Acredito que é muito importante e rico para a América Latina a história da beatificação e canonização, por uma razão muito simples, porque, no começo, não entenderam o essencial. Ele morreu, claro que impactou muito, mas, em El Salvador, muitas pessoas batizadas, católicas, se queixavam de que ele era comunista. Então, esse reconhecimento vai valorizar muitos testemunhos do mesmo estilo, em uma quantidade de lugares na América Latina. Na Argentina, antes de Romero, mataram o monsenhor [Enrique] Angelelli, depois de Romero foi [Juan] Gerardi, na Guatemala, e uma quantidade de laicos e religiosos. Vai valorizar na medida em que reconhecer que Romero foi assassinado por cristãos e por defender os pobres, o que será interessante para a Igreja latino-americana. Adital: O senhor já falou muito sobre o humor. Qual a importância dele na vida? Gustavo Gutiérrez: É não se levar a sério e não acreditar que se é a última Coca-Cola, como dizem. Não é uma chacota, nem significa que você não esteja sofrendo. No mundo, existem muitas pessoas sofrendo, mas não é uma indiferença nem tampouco superficialidade. Acredito que não é preciso perder o humor. Eu brinco um pouco dizendo que há sacramento para recuperar a graça e não há sacramento para recuperar o humor. Eu creio que o humor alimenta e pode ser uma coisa psicológica também. As pessoas que se reprimem não agem. Mesmo diante de uma situação difícil, uma pessoa pode manter uma distância e ter humor. O humor também é uma maneira de comunicar algo. Eu brinco muito porque é 21/03/2016 minha maneira de ser, mas não significa que tudo esteja bem, que não tenho preocupações e que a pobreza, para mim, não é um escândalo com tanta gente sofrendo. Não. Eu trabalhei toda a minha vida com gente pobre, como pastor, sempre nas periferias, e é bastante doloroso, mas não posso chorar todo dia, e o povo também não. O que quero é que saiam dessa situação. Existe ainda uma obsessão pelo dinheiro e esta preocupação supera, em muitas pessoas, a proximidade com o outro. Creio que o humor ajuda também a se chegar mais longe na idade.■ Entrevista realizada pela jornalista Cristina Fontenele e publicada em ADITAL Que celles et ceux qui reçoivent une version papier du bulletin et qui possèdent une adresse électronique, n’oublient pas de nous la transmettre. Faites part de vos remarques et suggestions à Cécile Biraud et Catherine Roth. Vous pouvez adresser vos dons soit par chèque à l’attention de « Du levain pour demain » au 57, rue Lemercier, 75017 Paris en mentionnant « à l’attention de sœur Anne-Lise Sieffert » soit par virement bancaire. Les coordonnées en sont données ci-après. ■ D.l.p.d. Les personnes à contacter : Page 16/17 Numéro 32 Du levain pour Demain Bulletin des sympathisants Cécile Biraud : [email protected] Elenilda De Souza do Vale: [email protected] Catherine Roth: [email protected] Evelyne Bénévent : [email protected] Aparecida Gourevitch : [email protected] Gérard Aleton : [email protected] Camille de La Guillonnière : [email protected] Stéphane Latarjet :[email protected] Anne-Lise Sieffert, trésorière : [email protected] 57 rue Lemercier 75017 Paris Le site des auxiliaires du Sacerdoce : www.auxiliaires-du-sacerdoce.com/ Vous y trouverez une présentation des sœurs auxiliaires du Sacerdoce, les lettres aux amis, des propositions de réflexion et de prière. 21/03/2016 Page 17/17